LIP - Chaire pluridisciplinaire « enjeux de société et prospective »
Faculté de droit - ICM
Direction des Relations Internationales UCL
Université Saint Paul d’Ottawa - Université d’Etat d’Ottawa
Où sont passés les catholiques ?
6 décembre 2012
Il est habituel depuis plusieurs décennies de dire que l’Eglise catholique est en crise. Sur la durée toutefois, le terme devient inadéquat et ne permet guère de qualifier les évolutions plus fines perceptibles au sein de l’espace catholique, difficile il est vrai à appréhender, en raison de sa dimension véritablement internationale.
Cette journée d’études entend se limiter au monde occidental, et plus précisément à l’Europe et à l’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) par comparaison. Où sont passés les catholiques ?, tel était le titre d’un ouvrage paru il y a quelques années en France. Il est repris ici dans un sens quelque peu différent ; il s’agit de comprendre, dans une perspective historique, sociologique et politiste les évolutions catholiques interprétées autour de l’alternative engagement/désengagement.
Si la sociologie de l’engagement et l’histoire des mouvements catholiques est désormais bien connue, en revanche, les processus de désengagement le sont moins. Or ce que l’on observe, et occulte en parlant par trop facilement de crise- relève souvent de cette thématique, à analyser différemment suivant les acteurs, les lieux et les thèmes.
Ainsi peut-on constater que le catholicisme français s’effondre. Mais depuis l’affaire Gaillot, on n’a pas assisté à des manifestations, des prises de positions violentes ou même à l’expression répétée et publique de dissensions. C’est à un processus d’effacement du catholicisme que l’on assiste. Traverse-t-on le Rhin et la situation est différente. En Allemagne, mais c’est également le cas en Suisse et en Autriche, les catholiques « sortent » de l’Eglise et le revendiquent. Comment expliquer cette différence ? Doit-on la référer à des cultures catholiques nationales, un rapport au droit non semblable, à des fiscalités très éloignées ?
La place des épiscopats mérite également que l’on y prête attention. Aux Etats Unis, au Canada, les épiscopats se constituent en lobbying et radicalisent leur opposition aux gouvernements en place. En France, l’épiscopat est devenu une voix pratiquement inaudible. Même sur des sujets autrefois bien médiatisés comme ceux de la justice internationale, de l’aide au développement, ou de l’immigration, on n’entend plus guère la voix épiscopale.
Enfin, il existait un espace intellectuel catholique, référé à des lieux, à des penseurs, théologiens notamment. Qu’est devenu ce milieu ? Quelles tendances lourdes expliquent son évolution : des transformations internes, une marginalisation dans la production des connaissances ou une inscription, sous forme de banalisation, dans l’espace général intellectuel ?
Au terme de cette journée d’étude, on souhaiterait avoir enrichi le vocabulaire du désengagement et des mutations, et approfondi la compréhension du déclassement actuel du catholicisme.
Présidente de séance : Hélène Tessier (Saint Paul – Ottawa)
Introduction : François Mabille (GSRL - CNRS)
Conférence inaugurale : Martin Meunier (titulaire de la Chaire de recherche Québec, francophonie canadienne et mutations culturelles, Université d‘Ottawa): Les transformations catholiques au Canada. Présentation de l’enquête menée ces 10 dernières années.
Discutants :
Sylvie Toscer –Angot (GSRL – Paris 12) et François Mabille (UCL – GSRL). Discussion su rl cas canadien en comparaison avec les situations française et allemande
Gabriel Dubois (ESM-A Marne La Vallée, doctorant à l’IEP Paris) : de la condition minoritaire à la sectarisation (M. Weber) du catholicisme en France
Corinne Valasik (CEIFR – CNRS) : Une espèce en voie d’extinction : Les intellectuels catholiques ?
Après Midi : Présidente de séance : Sylvie Toscer-Angot
Hélène Tessier (Saint Paul University – Ottawa=) : Tradition catholique et rationalisme
François Mabille (GSRL – CNRS): L’influence catholique dans les relations internationales : histoire des idées, mutations des engagements.
Isabel Ruck : la situation des chrétiens au Proche-Orient
Conclusion de la Journée : François Mabille